Divagation nocturne : des subprimes aux revivals musicaux

Divagation nocturne : des subprimes aux revivals musicaux

En re-regardant The Big Short, cet excellent film de Adam McKay sorti en 2005 avec sa narration « explosée », son style très particulier oscillant entre quasi-documentaire et fiction brisant allègrement le 4ème mur pour remplir son rôle didactique, j’ai eu envie de me documenter sur le sujet plus sérieusement (ça arrive sans prévenir ces choses là).

C’est comme ça que je me suis retrouvé après le repas de Noël à réfléchir et à tenter de comprendre le fonctionnement des marchés financiers, de la création monétaire, des bulles spéculatives et tant d’autres choses qui se sont révélées être extrêmement intéressantes. Sur ce sujet précis d’ailleurs, je suis tombé sur la chaîne Youtube Heu?Reka : extrêmement bien expliquée et illustrée la plupart du temps par des schémas très clairs, cette chaîne m’a beaucoup aidé à mettre le pied dans cet univers très complexe. En rapport avec le film The Big Short, je vous conseille donc cette série de 3 vidéos sur la crise des Subprimes (25-35 minutes chacune), ça permet de démystifier un peu le fonctionnement de l’économie mondiale (et d’enchaîner après sur la crise de l’Euro que la chaîne a commencé à aborder aussi) et pour y voir plus clair dans le langage parfois nébuleux de certains politiques actuellement.

Si le sujet vous intéresse, jetez vous sur ces vidéos, vous serez servis !

Puis, au gré d’une nuit sans sommeil pendant laquelle j’ai profité pour faire le point sur ce que je venais d’apprendre là dessus, je me suis aussi amusé à établir quelques parallèles (un peu farfelus) avec l’état de la scène musicale actuelle : après l’éclatement d’une bulle, où la demande est bien inférieure à l’offre, les acteurs principaux sont beaucoup plus frileux, plaçant leur confiance avec le moins de risque possible. Ce n’est clairement pas le moment de prendre des risques ! En parallèle, on injecte aussi de quoi rééquilibrer la circulation de l’offre et de la demande : toujours la même chose, pas trop de risques, mais pour stimuler un peu on y place un peu de « nouveauté ». La demande se décrispe au cours du temps et augmente, étant donné que la demande augmente, les acteurs principaux deviennent moins frileux et alimentent l’offre avec des choses de plus en plus risquées… Jusqu’à un point de non retour où de nouveau la demande sera inférieure à l’offre (quelques soient les raisons).

C’est évidemment très farfelu et très (trop) général, mais ce n’est pas forcément faux au demeurant. Avec l’apparition des nouveaux modes de consommation de la musique, auxquels l’industrie a eu beaucoup de mal à s’adapter, avec la démocratisation des moyens d’enregistrement/production, on a quelque part été témoins de l’éclatement d’une bulle : énormément d’offre (de groupes) pour une demande toujours plus restreinte (auditeurs) qui devant la masse d’offre se retranche derrière ce qui leur est familier. Les labels du coup prennent le moins de risques possible pour répondre à cette demande jusqu’à ce que la situation se stabilise… Et je me demande si on ne serait pas dans cette phase justement !
Les acteurs de l’industrie musicale misent gros sur les groupes déjà établis et connus de tous, les auditeurs noyés sous l’offre vont vers ce qui est familier. On assiste à quelques « nouveautés » consistant à créer un revival… donc quelque part rassurer aussi avec quelque chose de connu, tout en le mettant dans un écrin où l’on n’avait pas l’habitude de le voir afin de débrider un peu le marché. Si je suis mon raisonnement, aujourd’hui c’est très difficile pour les groupes « risqués » de trouver la demande ; si tel est l’objectif il vaut mieux essayer de la rassurer la demande.

Et qui est cette demande ? Qui a le pouvoir d’achat/d’écoute aujourd’hui ? On serait plus dans la population de 25 à 35 ans actuellement… Et devinez quoi, cette tranche d’âge était ado dans les années 2000 : le boom du neo-metal. Et ça concorde bien. On commence déjà à voir le neo-metal revenir dans les productions actuelles petit à petit, sans parler de l’avènement promotionnel du dernier Code Orange (contenant énormément d’influences neo)… On verra dans très peu de temps ce qu’il en est, mais c’est bien parti dans ce sens. Ce n’est évidemment qu’un exemple parmi d’autres. Jusqu’aujourd’hui, c’était l’esthétique de la fin des années 80-debut 90 qui était à l’honneur, un revival qui va probablement s’effacer dans un futur très proche.

Bien évidemment, je me suis laisser divaguer un petit peu, loin de moi l’idée de jouer à Nostradamus sur ce sujet ! C’était tout simplement amusant de laisser les parallèles se tracer entre différentes situations, et constater que tout cela ne sont que des cycles sur lesquels il est parfois bon de prendre un peu de recul.