"Mandy" - Panos Cosmatos (2018)

« Mandy » – Panos Cosmatos (2018)

Y en a-t’il beaucoup des films qui puissent imprimer dès le premier visionnage une marque si profonde qu’à l’intérieur, ton intuition te fait dire qu’elle perdurera malgré l’étrangeté de l’objet ?

« Mandy », de Panos Cosmatos (Beyond the Black Rainbow) fait pour moi partie de ce cercle très restreint, où il rejoint Kill List et A Field In England de Wheatley, Altered States / Gothic de Ken Russell, Eyes Wide Shut de Kubrick, Le Quatrième Homme de Verhoeven, Brain Damage de Henenlotter et quelques rares autres. Pas de véritables comparaison à faire ici, juste une similitude dans l’expérience de la vision de ces films d’où on sort questionné, perturbé, parfois indécis, mais toujours avec l’envie irresistible d’y retourner.

Et bizarrement, Mandy me fait penser aux films sus-cités, un peu comme si Ken Russel dirigeait un film d’horreur/vengeance, violent et hallucinatoire dans lequel Clive Barker (Hellraiser) venait injecter son imaginaire malsain. Nicolas Cage a vraiment trouvé là un écho à ses performances à la fois excessives et hypnotisantes, et on se feint même d’un ou deux rires au cours du film sans que ça ne porte atteinte à l’expérience. La réalisation est hallucinée, chaque plan est superbement mis en scène et en lumière, le rythme est lancinant, captivant.

Mandy est aussi jonché de références – sans que ce soit négatif, bien au contraire pour une fois : Friday the 13th, Hellraiser, Evil Dead, Altered States, Celtic Frost… Et surtout : cette bande son absolument géniale de Johann Johannsonn (Arrival, Sicario..) aidé pour l’occasion par Stephen O’Malley (KTL, Sunn O)))).

Une réussite totale en ce qui me concerne, et une honte gigantesque pour les distributeurs qui nous ont privé de ça sur le grand écran en France (hors festivals). Car oui, à l’heure ou la France fustige Netflix de « tuer le cinéma », Mandy ne sortira pas en salle faute de distributeurs, au contraire des lamentables « comédies » telles Les Tuches 237 qui pullulent dans nos cinémas.