
TOP 2018 : Musique
Cette année encore, beaucoup de choses à écouter, voir, lire… Et certainement pas assez de temps pour tout cela, couplé au fait que j’aie été moins assidu ! Je m’attelle donc à cette petite rétrospective tout en sachant qu’il y aura pas mal de sorties qui mériteraient d’y être mais qui seront aux abonnés absents ici. Comme le Daughters qui a l’air extraordinaire et dont j’ai entendu une partie, mais faute d’humeur incompatible je lui laisserai une vraie chance plus tard.
(Note du 26/01 : je l’ai écouté, et il est désormais dans le top, un peu plus bas !)
Ceci étant dit, allons-y ! L’ordre est totalement arbitraire.
Musique
Rayon inoubliables :
Jon Hopkins – Singularity
Il a fallu que j’attende le 25 décembre pour me décider à écouter cet album, et dire que ce fut un merveilleux cadeau de Noël est un euphémisme ! Je l’ai depuis écouté quasiment chaque jour et ne m’en lasse pas une seule seconde. Les morceaux sont intelligents, le sound-design est fin et stellaire à la fois, et l’album est parfaitement construit : débutant par une invitation au voyage enjouée et mystérieuse, puis basculant peu à peu vers des ambiances plus introspectives voire mélancoliques. Sans conteste mon album préféré de 2018, superbe !
Ken Mode – Loved
Coup de cœur instantané pour ce nouvel album qui avait su m’accrocher dès la sortie de l’artwork. D’ailleurs j’ai pu lire que l’album avait été composé pour cette peinture et non pas le contraire, ce qui prend tout son sens à l’écoute des morceaux, sombres, rageurs et noisy qui le composent. Il y a là un vrai sens de la dangerosité, toujours à la limite du « nervous breakdown », borderline, instable, insatiable.
Daughters – You Won’t Get What You Want
Un petit peu en retard peu être, mais j’ai au moins pu prendre le temps de l’apprécier à sa juste valeur… Et ce disque va figurer longtemps dans ma mémoire, et peut être trouver sa place dans mes albums favoris, qui sait, entre « Children of God » des Swans et « The Downward Spiral » de NIN. C’est à dire au plus haut. Je n’ai pas cité ces deux albums par hasard : si Trent Reznor a pu être inspiré par cet album des Swans, il me semble retrouver dans cet album de Daughters l’énergie no-wave du premier tiers de carrière des Swans, mais aussi les sound-designs torturés et glauques, industriels évoquant TDS, bien sûr modernisés et d’une noirceur sans équivoque. Je pourrai tout aussi bien citer Jesus Lizard et Foetus, mais je pense que vous commencez à vous faire une idée de ce qui vous attend. Cet album est extraordinairement bien écrit, bien produit, chaotique et profond. Je ne sais pas ce que d’autres attendaient, moi j’ai eu exactement ce que je voulais.
JPEGMAFIA – Veteran
Là on bascule probablement vers l’album le plus aventureux que j’aie entendu cette année. Je ne suis pas sûr qu’il revienne souvent sur ma platine, ce n’est pas le genre d’album à écouter en soirée avec des potes : il faut lui donner une pleine écoute, et se prendre au jeu de l’expérimentation. Tous les instrumentaux et beats de cet album sont extrêmement inventifs, parfois abscons et fous, de même que la performance habitée de JPEGMAFIA (je vous conseille de regarder le live Youtube de la chaine Colors où il interprête « Thug Tears », c’est impressionnant). C’est le genre d’album qui donne 100 idées à la minute et qui pousse à toujours aller plus loin. Rien que pour ça il devait figurer dans ce top.
Puce Mary – The Drought
De la même façon que j’avais terminé 2017 avec dans mes albums préférés un album d’Ambient / Death Industrial / Noise / Expé (Prurient), cela se reproduit en 2018 avec cet album de Puce Mary découvert sur le tard. Un album au sound-design terrifiant, tortueux, totalement abrasif, fait de telle façon qu’on se laisse guider les yeux fermés dans ce dédale chaotique.
Les autres albums marquants :
Disiz la Peste – Disizilla
Je crois que je n’avais pas écouté un seul morceau de Disiz depuis « Le Poisson Rouge », sorti quand j’étais au collège, donc quand on m’a mis les oreilles sur ce dernier album, je ne m’attendais strictement à rien… Et quelle surprise ! J’étais donc passé totalement à côté d’un des artistes français les plus intéressants aujourd’hui : des albums concepts, des morceaux aux instrumentaux très originaux flirtant largement avec l’électronique (un petit côté Grime bienvenu), des flows uniques, un talent dingue pour le storytelling… Il y a dans cet album autant de bangers (« Disizzilla », « Hendek », « Cercle Rouge » faisant écho à « Carré Bleu » sur l’album précédent – morceau génial) que d’introspection. Mention spéciale au morceau « Terre Promise » qui m’a vraiment surpris avec son instrumentale qu’on croirait tirée d’un album de The Caretaker. Bref, un des albums que j’ai le plus écouté cette année.
Harm’s Way – Posthuman
Un album où Harm’s Way se dépasse lui même, intégrant complètement son concept d’hybridité homme-machine en proposant une version augmentée de son hardcore à grand renforts d’éléments empruntés au Metal Industriel. Les morceaux sont totalement dévastateurs, et ce côté Indus renforce encore la violence froide qui émane de l’album. La son de l’album est dantesque, moderne, le tracklisting est très bien pensé (avec ce « Temptation » très Godflesh calme pour reprendre son souffle par exemple)… Que dire de plus ? Laissez le vous mettre une branlée.
A$ap Rocky – Testing
On ne peut pas dire qu’il nous avait pas prévenu, avec un tel titre. Oui, A$ap Rocky teste des trucs sur cet album ; parfois ça fonctionne excellemment bien, parfois non. Mais je ne peux décemment pas ne pas apprécier la démarche, surtout pour un artiste aussi mainstream, alors que nombre de projets censés être underground ne font que de la redite. Il y a vraiment énormément de bonne idées et de choses inhabituelles placées dans un écrin d’accessibilité, ce qui le rend parfois bancal. Reste que « Praise the Lord » et « Fukk Sleep » sont les morceaux que j’ai le plus écouté en boucle cette année.
Denzel Curry – TA13OO
Ou l’art de proposer en 3 actes (Light, Gray et Dark) une sorte d’oeuvre définitive du rap moderne. Il explore quasiment tous les aspects de la trap music pour en proposer une version augmentée à chaque fois. Une épreuve de force dans la concision et la virtuosité.
Sectioned – Annihilated
Cet album a complètement effacé de ma mémoire le nouveau Frontierer qui pour moi est devenu de fait un peu inutile (même si je l’aime bien). Pourquoi ? Je crois que j’ai préféré l’instabilité du songwriting du Sectioned à la surenchère de Frontierer. On est là sur un dérapage qui menace à chaque seconde de nous envoyer dans le décors – ce qui arrive à plusieurs reprises d’ailleurs. Et quand ça arrive, c’est ce qui fait que ça ait un vrai impact, une vraie violence.
D’autres albums à retenir :
Afgrund – The Distopian (Death/Grind)
The Caretaker – Everywhere at the End of Time – Stage 4 & Stage 5 (Ambient, le malaise en musique)
Hate Eternal – Upon Desolate Sands (Death Metal)
Tim Hecker – Konoyo (Electronique, Ambient)
Hooded Menace – Ossuarium Silhouettes Unhallowed (Death Doom)
Jesus Piece – Only Self (Hardcore metal)
Knelt Rote – Alterity (Death Grind Noise Expé)
Voïvod – The Wake (Voïvod)
The Soft Moon – Criminal (Dark Wave, Rock Indus)
Will Haven – Muerte
Niveau personnel
Cette année, deux albums auxquels j’ai participé ont vu le jour :
Chaos Echoes – Mouvement
Un magma de pulsions de vies, le penchant nerveux de Transient, l’album précédent.
Embodied by Perfidious Curls in the Innervated Flux,
As an Embraceable Magma Leading the Subliminal.
Surrounded and Amazed by These Unplumbed Abysses of the Inverted Sea,
Through Kaleidoscopic Haze of Unexpected Extents.
Shine On, Obsidian! Ego! Ego! Echo Back to the Yearning of the Self!
Alas! Here Is the Feebles’ Assent, Exalted by Your Mouth Full of Flies,
Chaos Echoes with Mats Gustafsson – Sustain
Une vraie fierté d’avoir collaboré avec ce saxophoniste de renom et de grand talent, sur 2 improvisation de 15-20 minutes chacune, tantôt ambient, tantôt ritualiste.